Oui, il a fallu bien du courage au policier Antoine Granomort, à la sortie du Parc des Princes, pour prendre sous sa protection un jeune Français de confession juive, poursuivi par plusieurs dizaines de hooligans parce qu’il soutenait l’équipe israélienne opposée au PSG. Oui, il est probable que, cerné et bousculé par ces voyous déchaînés, il n’avait pas d’autre solution que de sortir son arme pour tenter de les faire reculer. Avant que, dans des circonstances encore mal éclaircies, il ne tire une balle qui transperça d’abord le corps d’un jeune homme avant d’en frapper un autre en plein cœur, le tuant sur le coup.
Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, a pu ainsi affirmer dès le lendemain : « Nous sommes dans une hypothèse de légitime défense », donnant pour consigne au juge d’instruction de « valider cette hypothèse ». L’information judiciaire n’a d’ailleurs été ouverte que pour « coup et blessure volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
Or, voici un mois, un commerçant, René Dahan, était attaqué à son domicile, dans le Val-de-Marne, par trois hommes armés, qui le frappèrent et molestèrent son épouse. Il eut – lui aussi – beaucoup de courage en leur résistant et en arrachant le revolver d’un de ses agresseurs. Puis il tira, touchant ce dernier qui tomba par la fenêtre et mourut des suites de ses blessures.
René Dahan n’a pas bénéficié de la légitime défense, parce que son agresseur, ayant posé la main sur la poignée de la fenêtre, était peut-être sur le point de s’enfuir… Il a passé une dizaine de jours en prison et est toujours poursuivi pour « homicide volontaire ».
« Plaisante justice, qu’une rivière borne ! », s’exclamait Pascal : ce qui est « légitime » à Paris pour un policier ne le serait-il plus en banlieue pour un commerçant ?
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