Europe 1 l'annonce ce matin : à peine rentré d'Algérie, Nicolas Sarkozy recevra cet après-midi les représentants des associations de pieds-noirs, rapatriés et harkis, ce 5 décembre étant jour d'hommage aux victimes de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie. Mais, surtout, le président de la République honorera une des promesses les plus importantes de sa campagne : il reconnaîtra la responsabilité de l'Etat français dans le massacre des harkis en 1962, après l'indépendance algérienne. Rappelons que plus de 100.000 de ces Algériens, qui avaient choisi de se battre contre le FLN aux côtés de l'armée française, furent exterminés dans des conditions atroces par le nouveau pouvoir après avoir été abandonnés, sur ordre, par nos troupes, seuls quelques officiers courageux ayant réussi à rapatrier leurs hommes en métropole.
Cette décision est un geste d'honneur et de justice, et il faut souligner le rôle essentiel joué dans cette affaire par Bernard Coll et son association Jeune Pied-Noir, qui se battent depuis des années en vue d'un tel résultat. Elle est aussi une habile réponse de Nicolas Sarkozy aux incessantes surenchères du président algérien Bouteflika dénonçant les "crimes" de la France en Algérie. Si la France a abandonné les harkis, ce sont bel et bien les moudjahidin du FLN qui les ont assassinés. Et, si l'on en croit l'ancien ministre gaulliste Pierre Messmer (1), au premier rang des organisateurs de ce massacre figurait un certain Abdelaziz Bouteflika...
(1) Accusations portées dans un article paru dans Le Monde du 25 septembre 2001, et réitérées au cours d'un entretien avec Alain Griotteray au micro de Radio-Courtoisie, le 7 septembre 2005.
ADDENDUM JEUDI 6 DECEMBRE Les phrases exactes prononcées finalement hier par Nicolas Sarkozy ont été les suivantes : "Il est juste et légitime que les harkis reçoivent l'hommage solennel de la nation. (...) Pour les harkis aussi, si les accords d'Evian ont scellé la fin des hostilités militaires, ils n'ont pas marqué la fin des souffrances. D'autres épreuves, douloureuses, sont venues s'ajouter aux peines endurées au cours de huit années de guerre. (...) Pour la France, il s'agit aujourd'hui d'une question d'honneur. Il faut réparer les fautes qui ont été commises". Le chef de l'Etat a ensuite annoncé des mesures concrètes en faveur des harkis et de leurs descendants. Certaines associations ont jugé ce discours insuffisant, attendant manifestement du président de la République une sorte de "repentance", alors qu'il en refuse le principe même, comme on vient de le vérifier lors de son séjour en Algérie. La plupart des représentants des harkis, pieds-noirs et anciens combattants d'AFN présents hier à l'Elysée ont cependant estimé que Nicolas Sarkozy avait ainsi tenu sa parole. Tel est aussi mon sentiment.
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