Au secours, Lionel revient ! Telle est la principale leçon que l'on peut tirer du douloureux accouchement de "l'équipe du pacte présidentiel" dont Ségolène Royal a finalement dû s'entourer pour essayer de relancer sa campagne. Une "nightmare team" de treize membres - ça ne s'invente pas ! - qui réunit non seulement tous les éléphants du Parti socialiste, au premier rang desquels ses ex-rivaux Fabius et DSK, mais aussi un dinosaure, pour ne pas dire un fossile : Jospin, qui effectue ainsi sa nième tentative de come-back politique depuis sa désertion en rase campagne électorale d'avril 2002, et qui rejoint sans honte le staff de celle qu'il taxait encore récemment de "démagogie" et de "futilité"... Seule condition posée par l'ancien premier ministre, qui prouve sa capacité de rancune: la mise à l'écart de Jean-Pierre Chevènement, relégué avec l'ineffable Jean-Michel Baylet dans un "pôle coordination des forces".
Triste bilan pour celle qui affirmait vouloir "faire de la politique autrement", et qui dut son ascension et son investiture au renouveau qu'elle prétendait incarner. La voici revenue à la case départ, solidement ficelée par les apparatchiks et le programme du PS. Deux responsables socialistes confirment cet état de fait. "On revient, précise Jean-Christophe Cambadélis, à la formule de 1981, pour que la rue de Solférino (le siège du PS) soit le centre névralgique de la campagne." Quant à Jean-Louis Bianco, "coordinateur des porte-parole" (!) de Ségolène Royal, il répond sèchement à ceux qui s'étonnent que cette équipe ne porte finalement pas le nom de "conseil stratégique" : "Le conseil stratégique, c'est le Bureau national du PS". Voilà qui a au moins le mérite de la clarté...
Ce retour à gauche toute est également manifeste au niveau des idées. Pour preuve la volte-face brutale de la candidate au sujet de l'EPR, le réacteur nucléaire de troisième génération, indispensable au maintien de l'indépendance énergétique de la France. Alors que son porte-parole Arnaud Montebourg affirmait encore récemment qu'elle en confirmerait la mise en chantier, Mme Royal a fait savoir ce jeudi qu'elle souhaitait "rouvrir le débat sur la construction de l'EPR". Et il est certain que ceci préfigure un abandon pur et simple du projet en cas de victoire de la gauche, le conseiller spécial de Ségolène sur ce dossier n'étant autre que le célèbre Bruno Rebelle, ex-directeur de Greenpeace et farouchement opposé au projet.
Décidément, le "blairisme à la française", cette gauche moderne que prétendait incarner voici quelques mois Ségolène Royal, a bel et bien été jeté aux oubliettes... Ils voulaient Tony, et ils ont Lionel !
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