Révélateur, ce titre à la Une d'un grand quotidien du soir : "Marée noire, profits records : Total est mis en accusation". Si l'on comprend bien, cela signifie que le groupe pétrolier français est mis en accusation à la fois pour la marée noire causée voici huit ans par le naufrage de l'Erika et pour les bénéfices nets - 12,6 milliards d'euros - réalisés l'an dernier.
Passons sur la catastrophe écologique de 1999, puisqu'il appartient au procès en cours de déterminer les responsabilités respectives de Total, du transporteur et de toutes les parties prenantes à ce naufrage. Mais arrêtons-nous sur la seconde accusation qui pèse, selon ce journal, sur le groupe : celle d'avoir dégagé les plus importants profits de son histoire. Accusation immédiatement relayée par l'ultra-gauche et par Ségolène Royal, qui annonce des ses 100 propositions qu'elle créera "un prélèvement exceptionnel sur les superprofits des sociétés pétrolières".
Nous vivons décidément dans un pays extraordinaire ! Nulle part ailleurs, en effet, le fait qu'une grande entreprise nationale, numéro 5 mondial de son secteur, affiche des bénéfices records ne lui vaudrait attaques et critiques, bien au contraire. Surtout lorsqu'on considère que Total va devoir relever dans les années qui viennent des défis difficiles pour compenser la raréfaction du pétrole : trouver de nouveaux gisements, assurer leur exploitation, développer des hydrocarbures de synthèse, investir dans les biocarburants et les énergies renouvelables, et surtout se préparer à se lancer dans le nucléaire. Une série de "challenges" que seul un groupe en pleinse santé financière peut prétendre relever. Mais peu importe à ceux qui n'aiment les entreprises que publiques ou au bord du dépôt de bilan...
Pourtant socialiste, l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt disait : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain". En le paraphrasant, on pourrait rappeler à Mme Royal que "les taxes d'aujourd'hui sont les faillites de demain et le chômage d'après-demain".
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