Confronté à l'érosion constante de Ségolène Royal dans les sondages, son entourage est à l'affût de tout ce qui pourrait bien ressembler à un scandale, si possible compromettant pour son rival le plus dangereux, à savoir l'actuel ministre de l'Intérieur. Ces jours-ci, ils crurent bien l'avoir trouvé avec ce qu'on nous présenta comme "l'affaire Rebelle", du nom d'un des conseillers de la candidate socialiste.
Comme dirait l'excellent Nicolas Canteloup parodiant Jean-Claude Gaudin, "mais de quoi parlons-t-on dans cette affaire" ? Tout simplement du fait que le dénommé Bruno Rebelle, qui a rejoint le staff de Mme Royal pour y prendre en charge le dossier de l'énergie, n'est pas un inconnu sorti du néant. Mimitant associatif blanchi sous le harnais, il accéda en 1997 à la direction de Greenpeace France. Il s'y illustra certes en triplant en quatre ans les effectifs du mouvement, mais aussi en organisant des actions souvent à la limite de la légalité. En octobre 2001, il fut ainsi le promoteur d'une manifestation contre la réouverture du tunnel du Mont-Blanc aux poids lourds, qui se traduisit par des entraves à la circulation et des dégradations de biens privés, pour lesquelles il comparut en justice en janvier 2003.
En août 2003, Bruno Rebelle rejoignit l'équipe de dierection de Greenpeace International, où il exerçait jusqu'à cette année la fonction de directeur des programmes, coordonnant les campagnes, la communication et les activités politiques de Greenpeace partout dans le monde, ainsi que le précise sa biographie diffusée par l'OCDE en mai 2005, à l'occasion d'un forum auquel il participait. Lorsqu'on connait l'activisme de cette association et les actions parfois violentes auxquelles elle s'est livrée (contre les essais nucléaires, les transports de déchets radioactifs, etc), on comprend que les Renseignements Généraux, dont c'est très précisément la fonction, établissent et actualisent des fiches sur ses dirigeants. C'est même le contraire qui pourrait leur être reproché...
L'affaire a donc fait "pschitt", d'autant que M. Rebelle a pu consulter sa fiche au siège de la Commission nationale informatique et libertés, et constater qu'elle ne comportait, contrairement à ce qui avait été affirmé, aucune allusion à sa vie privée. Quant à ceux qui hurlent au "fâchisme" à propos de cette surveillance policière normale, qu'ils se rappellent que, sous Mitterrand, le pouvoir ne se contentait pas de faire des fiches sur Greenpeace, mais qu'il lui arrivait de faire sauter ses navires. Quitte à utiliser pour cela les services d'un des frères de Marie-Ségolène !
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