Sans faire de mauvais jeu de mot, on peut dire que l'affaire de la maternelle de la rue Rampal constitue un véritable "cas d'école" de manipulation de l'information. Depuis quelques jours, toute la gauche se répand en cris d'indignation et en motions de protestation, accusant le ministre de l'Intérieur d'organiser des "rafles" de sans-papiers aux abords des écoles où ils viennent chercher leurs enfants. Motif supplémentaire de leur colère : la garde à vue et l'interrogatoire d'une directrice d'école maternelle, Valérie Boukobza, "qui n'avait fait que son devoir en protégeant les enfants " (sous-entendu des brutalités policières).
On le sait aujourd'hui, la réalité des faits n'avait rien à voir avec cette version pour bibliothèque rose. Le lundi 19 mars, sur réquisition du Parquet de Paris (donc du ministère de la Justice et non pas de celui de l'Intérieur), les policiers mènent une vaste opération dans une partie du XIXè arrondissement pour rechercher des personnes séjournant de façon irrégulière sur le territoire. En fin d'après-midi, ils contrôlent une jeune femme asiatique sortant d'un immeuble situé en face du groupe scolaire Lassalle-Rampal : elle n'a pas de papiers et ne parle pas un mot de français. La directrice de l'école maternelle de la rue Rampal, Valérie Boukobza, intervient et prétend d'abord que cette femme est la mère d'un de ses élèves, avant d'adopter ensuite une position nettement moins affirmative, déclarant seulement qu'il lui semble la reconnaître. Faute d'interprète disponible, la jeune asiatique est relâchée par les policiers, qui ont donc ainsi fait connaissance avec Mme Boukobza. Celle-ci, adhérente du très gauchiste Réseau Education Sans Frontières, qui milite pour la régularisation des clandestins ayant des enfants scolarisés, informe immédiatement les militants de RESF que des opérations de contrôle ont lieu dans le secteur.
Le lendemain, toujours sur réquisition du procureur de la République, nouvelle opération dans l'arrondissement. Cette fois, il ne s'agit plus de rechercher des sans-papiers, mais de contrôler quatre débits de boisson mal famés "aux fins de recherche de ports d'armes prohibés", suite à plusieurs incidents graves ayant eu lieu ces derniers mois. L'un de ces bars, le Petit Rampal, situé lui aussi près de l'école maternelle de Mme Boukobza, a d'ailleurs fait l'objet d'une fermeture administrative provisoire en janvier. Les policiers y contrôlent plusieurs personnes, ne trouvent pas d'armes, mais interpellent un Chinois en situation irrégulière. Ce dernier est bien le grand-père d'un enfant scolarisé à la maternelle, mais il n'est pas du tout en train d'attendre son petit-fils : il joue aux cartes avec des compatriotes.
Lorsque les policiers sortent du Petit Rampal vers 17h45, emmenant le clandestin chinois menotté, ils se trouvent face-à-face avec une quarantaine de militants gauchistes venus de l'école d'en face, probablement alertés par la vue des véhicules de police. Certains n'ont pas craint d'emmener leurs enfants avec eux pour mieux gêner l'action des forces de l'ordre ! Ils bousculent les agents, se couchent sur la chaussée pour empêcher les voitures de démarrer. Valérie Boukobza est parmi eux, est vue en train de taper sur une voiture, d'essayer avec d'autres militants de la renverser, tout en traitant les policiers de "connards de flics". Ceux-ci demandent alors des renforts, et finissent par se dégager en utilisant une bombe lacrymogène, mais sans jamais viser ni atteindre des enfants. L'un d'eux, brûlé au visage par un liquide détergent, devra subir onze jours d'interruption de travail. Mme Boukobza sera placée en garde à vue et entendue par la police pendant plusieurs heures, avant d'être remise en liberté et de se vanter, dans un communiqué affiché sur la porte de son école, d'avoir accompli son "devoir de résistance". A signaler que c'est Bertrand Delanoë, en utilisant pour cela les impôts des Parisiens, qui a mis un avocat à sa disposition.
Telle est donc la véritable histoire de la maternelle de la rue Rampal. Celle qui a permis à Mme Royal de dénoncer la "traque des enfants dans les écoles menée par Nicolas Sarkozy". Et de saluer "le courage des parents et des enseignants" qui se sont opposés par la force à l'action légitime de la police et de la justice. Si c'est là sa conception de "l'ordre juste", on nous permettra de ne pas souhaiter qu'elle ait l'occasion de la mettre en application...
PS : Elu du XIXè arrondissement, homme de terrain courageux et candidat UMP dans cette circonscription aux prochaines législatives, Jean-Jacques Giannesini tiendra une réunion publique largement consacrée à cette affaire le mardi 3 avril, de 17h30 à 18h30, à l'angle des rues Rampal et Rébéval.
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