Même lorsqu'on n'est pas du même bord, il n'est pas interdit d'essayer de comprendre et d'apprécier la stratégie d'un(e) responsable politique, surtout s'il s'agit d'un(e) candidat(e) à la présidence de la République. Journaliste depuis tout juste trente ans, passionné par la vie publique, jadis modeste élu local, je me croyais à même de décrypter et d'analyser les campagnes des principaux prétendants à l'Elysée. Vaniteux que j'étais ! Scribouillard prétentieux ! C'était compter sans Ségolène qui, à défaut de "l'ordre juste" qu'elle entend faire régner dans le pays si elle l'emporte, a déjà réussi à flanquer une mémorable pagaille dans son propre camp et à désorienter jusqu'à ses plus chauds partisans.
Prenons simplement la semaine qui vient de s'achever.
- Dimanche 11 mars, sur M6, la candidate affirme que "les dirigeants du Parti socialiste n'ont pas suffisamment fait bloc autour d'elle", ce qui expliquerait ses difficultés. Rappelons qu'après sa victoire aux "primaires" du PS, elle avait volontairement attendu plusieurs semaines avant de faire signe à ses rivaux...
- Jeudi 15 mars, sur France 2, Ségolène annonce qu'elle "reprend toute sa liberté" vis-à-vis du Parti socialiste, qu'elle présente donc implicitement comme un boulet dans sa campagne.
- Vendredi 16 mars, à Charleville-Mézière, elle tient pour la première fois un meeting commun avec Dominique Strauss-Kahn, un des "éléphants" qu'elle ne cesse de mettre en cause. Mais elle fait régner une ambiance tellement glaciale (refusant de l'embrasser sur l'estrade, retirant sa main qu'il levait en signe de victoire) que l'effet sur le public et la presse est totalement contre-productif.
- Ce dimanche 18 mars, Ségolène Royal prend la parole devant 4000 élus du socialistes réunis porte de Versailles, et rend un vibrant hommage au PS en s'écriant : "Je sais ce que je vous dois, je sais ce que je dois à mon parti, je sais ce que je dois aux militants". Avant de faire monter sur scène tous les dirigeants du parti pour réaliser la "photo de famille" qu'elle refusait pourtant quelques jours auparavant !
Si vous êtes comme moi, c'est-à-dire que la tête vous tourne et que vos yeux hagards clignotent d'épuisement, pas d'hésitation : deux dolipranes (publicité gratuite), une infusion et au lit !
Sans compter que la parution, la semaine prochaine, du livre-choc "Qui connaît Madame Royal ?", rédigé par l'ex-secrétaire national à l'Economie du PS, Eric Besson, ne va pas éclaircir ce psychodrame...
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