Une semaine tout juste après son entrée en fonctions, force est de reconnaître que les débuts de Nicolas Sarkozy en président de la République sont parfaitement réussis. Cérémonie d'investiture dosant subtilement faste et simplicité, nominations du premier ministre et du gouvernement rondement menées, opération d'ouverture réussie (comme le prouvent la hargne de la gauche et le mutisme de Bayrou), déplacements ciblés en province, rythme de travail soutenu : après avoir séduit les électeurs par son discours, le chef de l'Etat semble, au moins pour l'instant, les convaincre par sa méthode. C'est ce qu'indiquent d'ailleurs toutes les enquêtes d'opinion, qui voient sa cote de popularité monter depuis son élection pour dépasser aujourd'hui les 60%.
Une méthode dont on commence à mieux cerner les contours, grâce notamment aux déclarations de François Fillon. On pouvait craindre en effet que le "dialogue" et la "concertation", figures imposées de tout travail gouvernemental si l'on veut éviter des blocages type 1995 (réforme de la Sécurité sociale) ou 2006 (CPE), ne finissent par engluer la nouvelle équipe et retarder la "rupture de droite" clairement attendue par les électeurs. Or il semble bien que le piège ait été vu et sera évité, à en croire les précisions données par le premier ministre sur deux dossiers sensibles : le service minimum et le contrat unique de travail.
Pour ce qui est du service minimum dans les transports publics, il y aura certes concertation sur un texte que le gouvernement soumettra "dans les prochains jours" aux partenaires sociaux. Ceux-ci auront l'été pour en discuter ou proposer autre chose. Mais, si rien ne sort de cette phase de dialogue, il y aura bien un texte de loi dès le début de septembre. Quant au contrat unique de travail, CDI dont les droits se renforceront en fonction de l'ancienneté du salarié, François Fillon laisse "jusqu'à la fin de l'année" aux syndicats pour en débattre, mais cette importante réforme du droit du travail devra bel et bien être mise en oeuvre au commencement de 2008.
En attendant, la session extraordinaire du Parlement, qui durera tout juillet et pourrait même déborder sur août, aura un ordre du jour chargé : instauration de peines-planchers pour les multi-récidivistes, abaissement de la majorité pénale de 18 à 16 ans, détaxation fiscale et sociale des heures supplémentaires, déduction de l'impôt sur le revenu des intérêts d'emprunts immobiliers, abaissement à 50% du "bouclier fiscal", suppression des droits de succession sur la plupart des patrimoines, aménagements de l'ISF, interdiction des "parachutes dorés" pour les grands patrons, réforme et autonomie des universités !
Si les élections législatives donnent - comme tout semble l'indiquer - une nette majorité au président de la République, cela signifie que toutes ces réformes auront été votées par l'Assemblée nationale et le Sénat au plus tard avant la fin de l'année (compte tenu des saisines du Conseil d'Etat, du Conseil constitutionnel dans certains cas, et des navettes parlementaires). Si tel est le cas, il est incontestable que davantage aura été accompli en six ou sept mois que dans les cinq années précédentes. Et que le navire France aura rapidement pris le bon cap, même s'il restera encore beaucoup à faire pour le mener à bon port !
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