Après une campagne quasiment parfaite, qui méritera d'être étudiée dans les manuels de sciences politiques (tout comme celle de Ségolène Royal, mais pour des raisons inverses !), Nicolas Sarkozy a donc été élu hier sixième président de la Vème République. Deux chiffres témoignent de l'importance et de la légitimité incontestables de sa victoire : 83,97% de participation, 53,06% des suffrages pour le candidat de la droite.
C'est bien intentionnellement que je parle du "candidat de la droite". Le président de l'UMP, depuis son investiture le 14 janvier dernier, avait en effet totalement axé sa campagne sur des valeurs et des thèmes profondément enracinés à droite (lire notes précédentes) ; il a encore accentué cet ancrage entre les deux tours, y ajoutant juste ce qu'il fallait pour séduire sans dérive ni débauchage des électeurs qui avaient choisi au premier tour la droite de la droite ou le centre droit. C'est pourquoi il est permis d'affirmer sans sectarisme que sa victoire est bien celle de la droite, de toute la droite.
Mais cette victoire reste à confirmer. Doublement. D'abord aux élections législatives des 10 et 17 juin prochains, en envoyant à l'Assemblée nationale des femmes et des hommes fidèles, quelles que soient leurs étiquettes, à cette ligne et à ce combat, et non pas de "faux amis" prompts à capter les voix de droite pour mieux faire ensuite une politique contraire aux souhaits de leurs électeurs. Au-delà des investitures officielles délivrées par les partis, nous aurons donc à faire oeuvre de discernement pour que le travail prometteur de "décomplexation" (pardon pour ce néologisme digne de Ségolène !) de la droite accompli par Sarkozy soit poursuivi et complété.
Ensuite, et surtout, cette victoire ne sera pleine et entière que lorsque les promessses du candidat deviendront réalité, lorsque le nouveau président et le nouveau gouvernement feront voter par la nouvelle majorité les textes permettant de les mettre en application. "Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas", a réaffirmé hier soir le président élu à ses partisans, place de la Concorde. Tout en prononçant les paroles d'ouverture et d'apaisement que se doit de prononcer tout nouveau chef de l'Etat, il avait auparavant, salle Gaveau, rappelé les grands axes de sa présidence : "Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi.".
A cet égard, la liste des premiers textes que devrait examiner dès cet été le Parlement, réuni en session extraordinaire, va manifestement dans le bon sens : exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires, déduction des intérêts des emprunts immobiliers, suppression des droits de succession pour 95% des patrimoines, défiscalisation du travail des étudiants, peines planchers pour les multi-récidivistes et service minimum dans les transports publics. Suivront à l'automne de "grandes conférences sociales" qui prépareront, entre autres, la liberté de candidature au premier tour des élections professionnelles et la réforme du droit de grève avec vote à bulletin secret en cas de reconduction. On le voit, les "100 jours" s'annoncent prometteurs. Mais nous avons été si souvent trompés que la vigilance, même bienveillante, reste de mise...
PS : Pour les "droitiers" qui auraient voté Sarkozy au second tour avec réticence, qu'ils lisent l'involontairement comique "Hommage à Ségolène Royal" commis par Bernard-Henri Lévy dans l'excellent numéro spécial que publie aujourd'hui l'hebdomadaire Le Point. Ils verront en parcourant l'ignoble paragraphe consacré à Nicolas Sarkozy qu'ils n'ont pas eu tort de s'être rendus aux urnes. Avoir les mêmes ennemis, ça crée déjà des liens !
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