"Super-Sarko : en fait-il trop ?", se demande à la Une le dernier numéro de l'hebdomadaire Le Point. Manifestement, d'aucuns ont décidé de répondre par l'affirmative à la question posée. Il suffit d'entendre certains commentaires fielleux après la libération des cinq infirmières bulgares et du médecin d'origine palestinienne détenus en Libye, libération dans laquelle la France a de toute évidence joué un rôle décisif, même si d'autres acteurs y ont pris une part importante. "L'intervention de Cécilia Sarkozy est-elle bien conforme à la diplomatie traditionnelle ?", s'interrogent les uns, alors que la "diplomatie traditionnelle" avait échoué depuis plus de huit ans dans ce dossier ; "La France et l'Europe ont-elle versé une rançon ?", s'inquiètent les autres, alors que Nicolas Sarkozy a confirmé ce que tout le monde savait déjà, c'est-à-dire que l'aspect financier de la transaction – les indemnités versées aux familles des cinq cents enfants libyens touchés par le Sida – a été pris en charge par l'émirat du Qatar (il convient d'ailleurs de souligner le "partenariat privilégié" qui est en train de s'instaurer entre la France et le Qatar, qu'il s'agisse des commandes aéronautiques, de la recapitalisation d'EADS ou maintenant du soutien à l'action diplomatico-humanitaire de notre pays).
Ce qui est à la fois extraordinaire et irritant, c'est que ces éternels grincheux se répandent au moment même où les télévisions de toute l'Europe diffusent l'image – ô combien émouvante – de l'avion aux couleurs de la République française se posant sur l'aérodrome de Sofia pour ramener dans leur pays les otages de Kadhafi : une image qui, au passage, prouve que c'est bien la France qui a "emporté le morceau" face au dictateur libyen, même si la vice-présidente de la Commission européenne en charge du dossier, Benita Ferrero-Waldner, était du voyage. J'ose le dire, cette image m'a ému et rempli de fierté, et m'a fait penser à un autre événement, pourtant bien différent dans sa nature et dans son contexte : lorsque la France, en 1976, fit sauter ses parachutistes sur la ville zaïroise de Kolwezi pour sauver la vie d'otages belges et français en passe d'être massacrés par des rebelles locaux.
Cette réussite du nouveau chef de l'Etat vient ponctuer des débuts qu'il faut bien qualifier d'exceptionnels, deux mois tout juste après son entrée en fonctions. Qu'on en juge : sur le plan international, adoption par l'Union européenne du "traité simplifié", qui permet de dépasser le blocage né du rejet de la constitution Giscard, règlement avec l'Allemagne du dossier EADS (dans lequel Sarkozy n'a pas hésité à sacrifier pour cause d'incompétence l'homme d'affaires Arnaud Lagardère qui se proclamait pourtant son ami), et libération des infirmières bulgares ; en politique intérieure, vote en cours par le Parlement des textes reprenant les principales promesses électorales du candidat, qu'il s'agisse des mesures fiscales destinées à relancer le pouvoir d'achat et l'emploi, des peines-planchers pour les multi-récidivistes, des nouvelles dispositions sur l'immigration restreignant le regroupement familial, du service minimum dans les transports en commun ou de l'autonomie des universités ! Avec en prime l'implosion du Parti socialiste par le biais de "l'ouverture"… En deux mois, qui a fait mieux ? Comme on dit dans les cités, respect !
Certes, il y a des aspects de la personnalité du nouveau président qui peuvent choquer ou agacer, à commencer par un côté "show-off" assez accentué, mais qui semble bien correspondre à une hyper-médiatisation de la vie politique, inévitable à notre époque. Certes, Nicolas Sarkozy bouscule allègrement au nom du "pragmatisme" nombre d'habitudes ou d'idées reçues – y compris les miennes d'ailleurs ! – et cela est parfois dérangeant. Mais force est de reconnaître que ce président-là tient en quelques semaines plus de promesses et obtient plus de résultats que son prédécesseur en douze ans de mandat. Alors, pour répondre à la question du Point : non, il n'en fait pas trop, et pourvu que ça dure !
P.S. : Prenant quelques semaines de vacances, j'espace quelque peu mes interventions sur mon blog. Mais que ceux qui prennent plaisir à me lire se rassurent (et tant pis pour les autres) : j'interviendrai dès que l'actualité le justifiera. Bonnes vacances à tous ceux qui en prennent, et bon courage à ceux qui restent !
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