Ni excuses, ni repentance : en déclarant que "le système colonial a été profondément injuste", Nicolas Sarkozy a fait le "service minimum" vis-à-vis des autorités algériennes. D'autant plus qu'il a immédiatement ajouté qu'il est "aussi juste de dire qu'à l'intérieur de ce système injuste, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont profondément aimé l'Algérie avant de devoir la quitter", avant de rappeler qu'il y avait eu "des deux côtés" des "crimes terribles" et "d'innombrables victimes", et qu'il entendait honorer "toutes les victimes" de la guerre d'Algérie.
En vérité, le président de la République est dans le droit fil de son discours de Dakar, le 26 juillet dernier, dans lequel il avait déjà condamné le colonialisme, tout en rappelant que le colonisateur "a pris, mais aussi donné : il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles, il a rendu fécondes des terres vierges". Et dans lequel il concluait déjà : "Tous les colons n'étaient pas des voleurs, tous les colons n'étaient pas des exploiteurs". Ce n'est pas le fils de "pied-noir" qui écrit ces lignes qui le démentira !
Service minimum, donc, sans doute indispensable pour conclure les 5 milliards d'euros de contrats qui devraient être signés durant cette visite difficile : des problèmes peuvent en effet surgir à tout moment entre Français et Algériens, les désaccords ne portant pas seulement sur l'Histoire, mais aussi sur l'actuelle politique d'immigration voulue par Nicolas Sarkozy. Rappelons-nous seulement que Jacques Chirac fut accueilli dans ce pays, voici quelques années, par une foule qui lui criait "Des visas ! Des visas !"...
De toute façon, les relations franco-algériennes ne peuvent guère actuellement aller au-delà de ce "service minimum" et de la signature de partenariats économiques. Il en sera certainement ainsi tant qu'Abdelaziz Bouteflika sera au pouvoir de l'autre côté de la Méditerranée. Né en 1937, ancien membre du FLN, principal responsable, selon Pierre Messmer, des massacres de harkis en 1962, célèbre pour avoir comparé la présence française à l'occupation allemande, allant même jusqu'à affirmer que la France avait installé en Algérie des "fours identiques aux fours crématoires des nazis" (message du 6 mai 2005), Bouteflika est tout simplement incapable de dépasser sa vision militante de l'époque pour envisager une amitié nouvelle entre les deux pays, débarrassée des polémiques sur le passé pour mieux se tourner vers l'avenir. En soulignant qu'il avait "sept ans en 1962", le chef de l'Etat français a bien semblé, lui aussi, attendre impatiemment des jours meilleurs...
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