Etrange fin de campagne, où tout peut encore arriver, notamment dans le camp de Ségolène Royal. Nous avons d'abord eu droit à un vent de panique, avec deux vieux rats tentant de quitter le navire de Ségolène en tentant de l'arrimer au dernier moment à la galère de Bayrou. Michel Rocard d'abord, aussi clair dans sa tête qu'à l'époque de l'autogestion modèle PSU, puis Bernard Kouchner, obnubilé par sa volonté de redevenir un jour ministre, ont cru malin de proposer une alliance d'urgence entre PS et UDF : comme aveu de faillite de leur candidate, il était difficile de faire mieux ! C'est pourquoi les vrais "politiques" du parti, de Fabius à Hollande en passant par Jospin, sont immédiatement montés au créneau pour faire échec à la manoeuvre, contraignant même François Bayrou à repousser finalement un projet dont il se félicitait pourtant la veille...
Du coup, afin d'enrayer le découragement qui commençait à gagner cadres et militants, la gauche n'hésite plus en cette fin de campagne à recourir aux bonnes vieilles méthodes éprouvées. Coup sur coup, deux sondages "bidon" ont été mis en circulation via Internet, l'un étant même officialisé par le site du Nouvel Observateur, fidèle soutien de Ségolène. Attribués l'un au Cevipof (Centre d'études de la vie politique française) et l'autre à la Direction centrale des Renseignements généraux, ces deux sondages avaient un point commun : la candidate socialiste y était éliminée dès le premier tour. L'un donnait Jean-Marie Le Pen en tête devant Nicolas Sarkozy, et l'autre Le Pen coiffant Bayrou sur le poteau pour la deuxième place derrière Sarkozy. Le résultat était donc in fine le même : un second tour sans Ségolène Royal opposant les présidents de l'UMP et du Front national. Avec un objectif évident : provoquer un réflexe massif de discipline et de "vote utile" à gauche et à l'extrême-gauche, pour que le 22 avril 2007 ne ressemble pas comme un frère au 21 avril 2002. En pire même, vu de chez eux, Nicolas Sarkozy leur semblant beaucoup moins fréquentable qu'un certain Jacques Chirac, avec lequel ils savaient pouvoir s'entendre...
Force est de reconnaitre que cette tactique semble porter ses fruits. Jour après jour, l'écart se réduit entre "Sarko" et "Ségo", en tout cas en ce qui concerne les intentions de vote au second tour, qui oscillent désormais entre 52/48 et 50/50. Mais ce resserrement peut avoir aussi un effet bénéfique : rappeler à la droite que, surtout dans notre pays, aucune victoire n'est jamais acquise d'avance, et qu'au second tour toutes les voix de droite, de toutes les droites, seront nécessaires pour éviter le pire.
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