A l'issue du Conseil national du PS qui s'est tenu ce week-end, le doute n'est plus permis : Ségolène est bel et bien victime du syndrome Jack Lang ! Chacun se souvient que le mirobolant ministre de la Culture de François Mitterrand se croyait toujours en poste même après le retour de la droite au pouvoir, et occupait dans toutes les grandes manifestations la place réservée à son successeur. Eh bien, Madame Royal, c'est la même chose : elle se croit toujours candidate à l'élection présidentielle, ignorant manifestement que les Français ont élu le 6 mai, avec une participation massive et une avance confortable, un certain Sarkozy comme chef de l'Etat.
Peu lui chaut, à Marie-Ségolène ! Elle entend bien, telle la Jeanne d'Arc du débat participatif, bouter le Magyar hors de l'Elysée dans cinq ans et, pour ce faire, être dès à présent sacrée candidate du Parti socialiste pour 2012. Certains esprits chagrins - ou lucides - osent lui faire remarquer qu'il y a peut-être deux problèmes plus urgents à résoudre : d'abord éviter la raclée qui s'annonce aux législatives des 10 et 17 juin prochains, ensuite refonder le Parti socialiste, qui n'a aujourd'hui ni leader incontestable, ni programme adapté au monde réel, ni alliés conséquents, les Verts et le PC ayant quasiment disparu dans le tsunami électoral du 22 avril. Mais l'Evita poitevine ne veut rien savoir et en revient à son délire obsessionnel : désigner juste après les législatives le (la) candidat(e) à la future présidentielle. Avec un seul argument : "Je suis la mieux placée, avec les 17 millions de voix qui se sont portées sur mon nom".
Un tel acharnement à défier à la fois la logique et le calendrier a eu au moins un résultat : dresser contre elle la quasi-totalité des dirigeants du PS, de DSK à Fabius en passant par Hollande. Au passage, ce dernier a beaucoup fait rire en prononçant un des phrases immortelles dont il a le secret - "Les socialistes sont en ordre de bataille" - en oubliant simplement de préciser qu'il s'agissait d'une bataille interne ! Pour ce qui est de sa compagne, plusieurs "éléphants" excédés ont commencé à se lâcher, et à mettre en cause la qualité de la candidate, le flou de son programme et l'amateurisme de sa campagne, qui ont manifestement pesé très lourd dans le résultat final. Quant à "ses" 17 millions de voix, ils ont beau jeu de faire remarquer qu'elles se sont, dans une très large majorité, portées sur elle pour faire échec à la droite, et non par adhésion à sa personne ou à ses idées, alors que c'est exactement l'inverse qui s'est passé pour Sarkozy, si l'on en croit de nombreuses enquêtes d'opinion dont les résultats concordent.
Mais hors de question pour Ségolène de se reconnaître la moindre responsabilité dans sa défaite. Toujours dans son déni de réalité, elle ne parle d'ailleurs pas de "défaite", mais de "non-victoire" ! Quant aux responsables, ce sont les autres, les méchants qui lui ont fait, comme elle dit, "subir des critiques, si ce n'est des trahisons". Ses gaffes, ses bourdes, ses erreurs, sa méconnaissance des dossiers ? Au contraire, elle avait tout bon ! Dans son jargon inimitable, elle résume : "Les fondamentaux de la société française telle que je l'avais comprise depuis longtemps ont été contestés même à l'intérieur du PS, donc ça a déséquilibré la campagne". Et voilà pourquoi votre gauche est muette, eut ajouté Molière !
Dernier détail, qui en dit long sur l'ambiance de ce Conseil national. A leur arrivée, les délégués étaient accueillis par une manifestation pro-Royal. Sur des draps blancs imprimés de fleurs roses, des militants de "Ségosphère" et de "Désirs d'avenir", parmi lesquels un des fils de la candidate, avaient inscrit : "Gloire à nos dirigeants qui font bloc avec Ségolène" ! Singer le maoïsme en 2007, à l'heure où des Chinois ont le courage de s'en prendre au portrait de Mao situé place Tiananmen, est-ce vraiment un signe de bonne santé mentale ?
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