Adoption d'une motion mardi dernier au Comité central d'entreprise, manifestation hier lors de l'Assemblée générale : plusieurs syndicats d'Air France, aidés du Réseau Education Sans Frontières (RESF) et du MRAP, ont tenté - vainement - d'obtenir des actionnaires et de la direction de la compagnie qu'ils refusent "l'utilisation des avions du groupe" pour l'expulsion vers leurs pays d'origine des immigrés clandestins interpellés sur notre sol. Ce à quoi la compagnie Air France a fort justement répondu qu'il ne lui appartenait pas de remettre en cause des mesures "prises dans le cadre d'un Etat de droit, sur la base de décisions administratives ou de justice", position confirmée devant les actionnaires par le PDG, Jean-Cyril Spinetta.
Officiellement, les syndicalistes expliquent leur démarche par le souci de "l'image de la compagnie" et de "la sécurité des vols". C'est du moins ce qu'affirme leur motion du 10 juillet. Outre le fait que les commandants de bord ont déjà la possibilité de refuser une opération qui compromettrait la sécurité des passagers, la personnalité du leader de ce mouvement prouve que la réalité est bien éloignée de ces nobles considérations...
Ce leader, c'est Pierre Contesenne, responsable à Air France du syndicat Sud-Aérien et membre du bureau national interprofessionnel de cette organisation, et qui à ce titre tentait jeudi de haranguer les actionnaires réunis au Carrousel du Louvre. Mais ces derniers ignoraient sans doute la véritable personnalité de Pierre Contesenne : militant de l'extrême-gauche altermondialiste, il est également membre de l'association activiste Droits devant et se prononce dans la revue ContreTemps, qui se définit elle-même comme un "carrefour des radicalités", pour "une retraduction de la pratique syndicaliste révolutionnaire dans l'action directe" (on notera l'emploi, certainement pas dû au hasard, de l'expression "action directe", qui n'est pas sans rappeler quelques sinistres souvenirs...).
Et Pierre Contesenne met ses idées en pratique : signataire de multiples pétitions, dont celle lancée lors des élections européennes de 1999 pour la régularisation de tous les sans-papiers, il s'est également élevé en novembre 2006 contre les mesures de sécurité frappant des bagagistes islamistes de l'aéroport de Roissy, en estimant que le retrait de leurs badges d'accès constituait "une discrimination clairement anti-musulmane", directement inspirée par Philippe de Villiers. Et cela, pour faire bon poids, dans une interview publiée par Rouge, l'organe de la très trotskiste Ligue Communiste Révolutionnaire !
Dernier élément de ce dossier : le piège tendu aux autorités françaises. Imaginons un instant que Air France, après une intense campagne militante comme ces gens-là savent en organiser, finisse par céder et par refuser d'embarquer les clandestins expulsés. On pourrait croire que le gouvernement aurait une solution de rechange en remettant en service, via des appareils militaires, les "charters" jadis inventés par Charles Pasqua. Eh bien non ! La Charte européenne des droits fondamentaux, bien imprudemment ressuscitée à la demande des Allemands et qui aura valeur contraignante (sauf pour les Anglais) dans le cadre du futur "Traité simplifié" de l'UE, nous en empêcherait : l'article 19 de son chapitre II, consacré aux libertés, stipule que "les expulsions collectives sont interdites". D'où la nécessité absolue de ne pas reculer sur les expulsions individuelles, d'autant que le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Brice Hortefeux, en a demandé dès cette année une augmentation sensible pour parvenir au chiffre - encore bien insuffisant par rapport aux entrées de clandestins - de 25 000.
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