Manifestement beaucoup plus lucide qu'avant son accident cérébro-vasculaire, Michel Rocard vient de reconnaitre dans une interview au Parisien que le Parti socialiste "ne sait plus quoi dire" et "n'est plus pour un paquet d'années en situation de gouverner". S'il en fallait une preuve supplémentaire, l'attitude du PS face aux récentes affaires de pédophilie en fournirait une, ô combien manifeste ! Résumons : pour éviter que des pédophiles déjà condamnés ne récidivent à la sortie de prison, comme vient de le faire Francis Evrard, Nicolas Sarkozy annonce un renforcement de la législation. Il promet en particulier la mise en place d'hôpitaux fermés pour accueillir des délinquants sexuels ayant purgé leur peine de prison, mais n'étant pas considérés comme guéris par les médecins et devant encore recevoir des soins, qu'ils le veuillent ou non. Le premier établissement de ce type devrait ouvrir à Lyon dans deux ans.
Nicolas Sarkozy n'a en fait rien inventé. Il se contente de transposer en France un système qui fonctionne déjà dans des pays démocratiques comparables au nôtre : Canada, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie... Malgré cela, la gauche fait aussitôt donner les grandes orgues : le Syndicat de la Magistrature y voit "un retour de la double peine", un avocat du Nord connu pour son engagement politique ose dénoncer "l'idéologie victimaire" (sic), et les anciennes ministres socialistes de la Justice font chorus. Elisabeth Guigou s'en prend à la "surenchère législative", elle qui fit voter les textes les plus favorables aux délinquants, notamment la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d'innocence ; et sa consoeur Marylise Lebranchu voit tout simplement dans les projets de Nicolas Sarkozy et de Rachida Dati "une forme de retour vers la barbarie" ! Mais qui sont les "barbares", serait-on en droit de lui demander, sinon les pervers sexuels qui brisent pour satisfaire leurs pulsions les vies de leurs victimes et des familles de celles-ci ? Il est vrai que Mme Lebranchu, grande admiratrice dans sa jeunesse militante du dictateur communiste albanais Enver Hodja, n'a de leçons de barbarie à recevoir de personne...
Autre aspect déroutant de cette triste affaire : la prescription de Viagra à Francis Evrard par un médecin affecté à la prison de Caen. Défense invoquée : le praticien ignorait le dossier de son patient. Exerçant dans un centre de détention dont 75% des pensionnaires, selon les gardiens, sont des délinquants sexuels, on peut penser que ce médecin aurait pu faire preuve d'un peu plus de curiosité avant de rédiger son ordonnance ! Mais allons plus loin : le rôle d'un médecin pénitentiaire est-il bien de délivrer du Viagra à un détenu en fin de peine, quel qu'il soit, sous prétexte que celui-ci a l'intention d'aller "voir les filles" à sa sortie ? Que cet homme, une fois libéré, aille consulter à ses frais un médecin en ville et tente de se faire prescrire ce médicament s'il le souhaite : mais il est pour le moins choquant de voir cette envie satisfaite dans le cadre du système pénitentiaire, qui plus est financé par nos impôts.
Puisqu'on est dans l'ubuesque, restons-y ! Vous avez lu ou entendu comme moi qu'un autre pédophile récidiviste de la même prison, condamné en 1998 à quatorze ans de réclusion criminelle pour le viol d'une collégienne de 11 ans, n'avait finalement pas été libéré le 25 août comme prévu, les gardiens ayant alerté sur son extrême dangerosité et sur son intention proclamée de repasser à l'acte sitôt en liberté. Fort bien. Mais avez-vous eu connaissance de la sanction précise infligée à ce détenu par la Commission d'application des peines ? Trente jours de réduction de peine supprimés : en clair, cela signifie que ce prisonnier, sauf contre-ordre, sortira fin septembre au lieu de fin août ! Décidément, il n'y a pas que les grands pervers qui devraient aller chez le psychiatre...
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