Plus de vingt-cinq ans après y avoir effectué une première visite, c'est avec émerveillement que je viens de retrouver - ou plutôt de redécouvrir - le grand livre d'Histoire et d'histoires que constitue Le Puy du Fou. Car autour du spectacle nocturne d'origine s'est aggloméré au fil du temps (et des excédents financiers réinvestis) un nombre incroyable d'aménagements et d'animations qui forment aujourd'hui le Grand Parc : cinq spectacles de jour, plusieurs villages reconstitués avec leurs artisans d'époque (de la cité médiévale au bourg 1900 en passant par le hameau XVIIIème), un théâtre couvert de 3000 places, un conservatoire animal, un arboretum, de vastes volières à rapaces, une roseraie, de multiples aires de restauration... Auxquels vient de s'ajouter un hôtel thématique à la fois confortable et familial, la Villa gallo-romaine. Soit un ensemble de 68 hectares (45 pour le Grand Parc, 23 pour l'aire scénique nocturne).
Une telle accumulation aurait de quoi inquiéter, et j'avoue avoir moi-même craint ces dernières années, apprenant à distance toutes ces transformations, que l'esprit Puyfolais des origines ne disparaisse au profit d'un grand bazar commercial. Rassurez-vous, il n'en est rien ! On retrouve dans les cinq spectacles diurnes (Gladiateurs, Les Vikings, Le Bal des oiseaux fantômes, La Bataille du donjon, Mousquetaire de Richelieu), comme dans les villages reconstitués ou dans les échoppes des artisans, la même volonté et le même message : nous rappeler ou nous apprendre, de façon ludique et en utilisant les techniques les plus modernes, d'où nous venons et qui nous sommes. Et c'est lorsque des milliers de visiteurs de tous âges et de toutes origines envahissent le matin, dès l'ouverture des portes, le Grand Parc ou se pressent pour occuper le soir les immenses tribunes de la Cinéscénie que le formidable pari - réussi - de Philippe de Villiers prend toute sa dimension : à l'heure où l'identité nationale et l'intégration sont au coeur des préoccupations, le Puy du Fou donne chaque année à un million de spectateurs, pour leur plus grand plaisir, une grande leçon d'authenticité et d'enracinement. L'hebdomadaire Le Point annonce d'ailleurs dans son dernier numéro que Nicolas Sarkozy pourrait s'y rendre le 31 août prochain, à l'invitation de Philippe de Villiers.
Mais tout ceci n'existerait pas, on le sait, sans l'engagement passionné des habitants des communes avoisinantes, qui se sont eux-mêmes joliment rebaptisés les Puyfolais. Depuis 29 ans, ils ont donné vie à cette folle aventure, et certaines familles en sont à leur troisième génération de Puy du Fou ! Ils ont créé leur école de cavalerie, et voici qu'elle participe à des spectacles aux côtés du Cadre Noir de Saumur ! Ils ont tout inventé pour leur spectacle, pour raconter leur terre et leur histoire, et voici qu'on utilise leurs techniques jusqu'en Chine ou aux Etats-Unis !
Ils sont aujourd'hui 3000 bénévoles, dont 1200 acteurs et figurants, à assurer deux fois par semaine, de juin à septembre, le succès toujours plus grand de la Cinéscénie. Cet incroyable spectacle se joue dès le coucher du soleil et raconte, à travers l'histoire du Château du Puy du Fou, celle de la Vendée, du Moyen-Âge à la Libération, sans oublier bien sûr les terribles heures de la Révolution. Et ces Puyfolais reçoivent chaque soir de représentation leur juste récompense : lorsque les 15.000 spectateurs leur font durant de longues minutes une fabuleuse "standing ovation" avant de se résoudre, les larmes aux yeux, à quitter leurs places. Il est vrai que je défie quiconque, lorsque dans la nuit s'élève sur l'étang du Puy du Fou la voix de Philippe Noiret, alias Jacques Maupillier, de ne pas ressentir en lui-même un frisson venu du fond des âges...
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