Ai-je été trop optimiste - comme me le reprochent certains de vos commentaires - en intitulant ma note précédente "Echec à la grève !" ? Certainement sur la forme, car ce titre pouvait laisser croire à une fin rapide du conflit, ce que ne disait d'ailleurs nullement le texte lui-même. Mais, sur le fond, je maintiens que ce gouvernement devrait, sauf coup de théâtre, sortir vainqueur de ce bras de fer et réussir à faire passer sa réforme des régimes spéciaux de retraite, d'autant que les grévistes sont chaque jour nettement moins nombreux.
Comme je le craignais dans cette note, "paradoxalement, c'est de la défaite des syndicats et de leurs divisions que pourraient naître d'ultimes difficultés, en particulier au sein de la CGT". C'est bel et bien ce qui est en train de se passer, à la CGT comme à la CFDT, où les confédérations ont bien du mal à faire respecter leurs mots d'ordre par leurs fédérations respectives de cheminots. Celles-ci continuent par exemple à réclamer une réunion globale et tripartite des tous les secteurs concernés par la réforme, alors que leurs leaders ont officiellement accepté l'ouverture de négociations entreprise par entreprise. C'est pourquoi le ministre des Affaires sociales, Xavier Bertrand, a choisi de mettre les syndicats devant leurs responsabilités, en subordonnant l'ouverture des discussions à la reprise de travail, ou au moins à un appel clair et net à la cessation de la grève.
Quelle que soit l'évolution des jours prochains, deux leçons principales peuvent d'ores-et-déjà être tirées des événements actuels.
- Le projet de "modernisation de la vie sociale" est une impérieuse nécessité pour faire émerger dans ce pays des syndicats réformistes forts et représentatifs, capables de tenir leur parole et d'être obéis par leurs troupes. Cela passe par l'abrogation totale des critères dits "de représentativité" (!), par la liberté de candidature dès le premier tour des élections professionnelles et par un financement clair et transparent des activités syndicales.
- La prise en otage des usagers des transports publics, telle que nous la vivons quotidiennement depuis mercredi, ne doit plus être tolérée. Les syndicats refusant de donner par la concertation un contenu concret à la loi-cadre "sur le dialogue social et la continuité du service public" votée cet été, le gouvernement doit reprendre la main, et imposer dès le 1er janvier un véritable service minimum, comportant trois heures de trafic normal le matin et trois heures dans la soirée, comme Nicolas Sarkozy s'y était engagé durant sa campagne électorale. De plus, ce concept de service minimum devra également être élargi au transport aérien.
A elles seules, ces deux mesures constitueraient une preuve tangible de la "rupture" dans le domaine essentiel des relations sociales. Pour les faire avancer, et bien sûr pour protester contre les blocages actuels qui portent atteintes à deux de nos libertés essentielles, celle de circuler et celle de travailler, participez le plus nombreux possibles à la manifestation anti-grèves organisée ce dimanche, à 15h, place de la République, par le comité "Stop la grève !" qui regroupe un grand nombre d'associations sympathiques comme Liberté Chérie ou Contribuables Associés. Car, au risque de me répéter, "la rue appartient..." (cf. ma note du 12 novembre).
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