La Chine en bleu et blanc, couleurs des porcelaines impériales. Bleu comme la couverture de son dictionnaire de citations, blanc comme son manteau matelassé : il vaudrait mieux pour Ségolène Royal que l’on ne retienne de son voyage que ces touches de couleur. Mais il nous faut bien, hélas, nous intéresser au fond, pour constater que, comme on dit chez nous au zinc des cafés, elle n’en a pas raté une !
Passe encore pour la « bravitude », car le lapsus est chez les politiques quasiment un accident du travail, tant leur parole est sollicitée. Mais cette façon d’éviter de parler des droits de l’homme en les noyant dans un fourre-tout baptisé « droits humains », en compagnie des droits sociaux et environnementaux, et en affirmant que tout est lié, comme si le niveau de démocratie était inversement proportionnel au taux d’oxyde de carbone. Cette agression contre les entreprises françaises, coupables de « penser que c’est la faute des autres quand on perd un marché », comme si elles luttaient à armes égales face à leurs homologues chinoises. Et cet hommage inouï aux tribunaux du pays, « plus rapides qu’en France », ce qui n’est pas vraiment rassurant pour le justiciable local… Non, il n’y a vraiment que l’intéressée pour affirmer sans rire que ce voyage a été « une visite très réussie ».
Mais qu’elle se rassure, elle ne fut pas, dans cette aventure, la plus ridicule. Difficile en effet de surpasser Jack Lang tentant de justifier la fameuse « bravitude ». « J’aurais aimé inventer ce beau mot », s’est-il écrié, ressemblant plus que jamais à Laurent Gerra en train de l’imiter, car « l’inventivité sémantique fait partie de la capacité d’un candidat à parler une autre langue que la langue de bois ». Le très branché Jack devrait se repasser de temps en temps un bon vieux titre d’Eddy Mitchell, le lèche-bottes blues…
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