Ah ! Le lâche soupir de soulagement qui a accueilli le rapport d’autopsie du petit Carl, 12 ans, mort fin décembre après avoir été passé à tabac au collège Albert-Camus de Meaux. Apprenant que l’enfant souffrait d’une grave malformation cardiaque, le procureur de la République s’est empressé de déclarer à la presse que « le décès résulte exclusivement du stresse émotionnel qui a entraîné un arrêt cardiaque subit », Carl ayant « une artère coronarienne large comme un cheveu, selon l’expression des médecins-légistes ». Ce qui ne l’avait pas empêché de disputer auparavant une partie de handball acharnée, le motif de la bagarre étant justement, selon des témoins, qu’il « avait pris trop souvent le ballon pendant le match ».
C’est alors tout le déroulement de cette affaire qui est réécrit en version soft. Des collégiens ont eu beau témoigner que Carl « avait été tapé au sol par trois ou quatre élèves », le procureur assure que l’enfant n’a pas été « roué de coups », le cabinet du recteur de Créteil parlant d’une « bagarre d’école comme il y en a malheureusement trop souvent ». « Ce n’est pas un collège particulièrement sensible », va même jusqu’à affirmer un parent d’élève. Voire. Car les enseignants de ce collège, situé en ZEP et paré du label « ambition réussite », ne cessaient d’alerter sur la montée de la violence dans leur établissement : des professeurs avaient récemment été bousculés ou frappés, une surveillante arrosée d’eau de Javel et une élève hospitalisée après avoir été battue à la sortie. Rien que de très banal, en somme…
Parfois bien inspiré, François Bayrou a tiré de ce drame la leçon qui s’imposait : « les résultats de l’autopsie disent une chose encore plus terrible que si c’était la violence seule qui était responsable de la mort de ce jeune garçon ; en fait, il est mort de peur, sous les coups qui le frappaient ».
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