L'affaire des 500 parrainages d'élus nécessaires pour se présenter à la présidentielle prend décidément une drôle de tournure. Outres les appels plus ou moins intéressés des "grands" candidats pour que les "petits" puissent les obtenir (voir note précédente), deux initiatives font ressembler cette procédure a priori sérieuse et solennelle à une mascarade grotesque. Celle d'un maire du Calvados, d'abord, qui entend mettre aux enchères sa signature, et l'enverra donc au candidat qui aura fait le plus gros chèque pour les oeuvres de sa commune ! Même si l'honnêteté personnelle de cet édile n'est pas en cause, puisque le don en question ne lui est pas destiné, on ose espérer que son préfet de tutelle lui rappellera bien vite qu'un tel acte s'appelle tout bonnement du trafic d'influence, et peut valoir à son auteur de sérieux désagréments...
Pire, il s'est trouvé un ancien ministre de la République, M. Jean-Jacques Aillagon, conseiller régional UMP, pour tirer au sort devant micros et caméras son parrainage et l'attribuer finalement à ... Olivier Besancenot (cela tombe bien, c'était avec Le Pen le deuxième nom "soutenu" par Nicolas Sarkozy) ! Qu'un homme ayant exercé des fonctions gouvernementales se permette de ridiculiser ainsi publiquement les institutions qu'il a contribuées à mettre en place en dit long sur le niveau réel où se situent certaines de nos "élites" politiques. Il paraît heureusement que le Conseil constitutionnel aurait décidé de ne pas admettre ce parrainage loufoque.
Deux autres nouvelles viennent encore ajouter à cette cacophonie : l'ineffable Nicolas Miguet a été mis en examen pour "suspicion de détournement de parrainages" (il avait froidement édité des pseudo-formulaires à en-tête de la République française...), et la candidat du très confidentiel Parti des Travailleurs, Gérard Schivardi, annonce qu'il a déjà déposé 539 signatures et qu'il est certain d'atteindre les 550 !
Il existe pourtant un moyen très simple de remettre un peu d'ordre et de bon sens dans le système. Si personne ne conteste réellement la nécessité de filtrer les candidatures pour éliminer les plus farfelues, si le nombre des 500 parrains ne semble pas excessif (ils sont au total 43 000 élus à pouvoir accorder leur signature), c'est incontestablement la publication de la liste des signataires qui pose problème. Elle permet en effet toutes les campagnes et toutes les pressions à l'égard d'élus qui ne font qu'exercer un acte civique. La solution s'impose donc d'elle-même : supprimer cette publication. Que le Conseil constitutionnel, après avoir vérifié le nombre et l'authenticité des parrainages déposé par chaque candidat et proclamé le nom de ceux qui peuvent prendre part à l'élection, conserve ensuite au secret ces listes dans ses archives pour les détruire quelques années plus tard. Cette suggestion ne coûte rien, est facile à mettre en oeuvre (davantage en tout cas que les pétitions signées par plusieurs centaines de milliers d'électeurs proposées par certains) et pourrait être acceptée par tous. Mais il est vrai que le bon sens, dans notre "cher et vieux pays", n'est pas toujours la vertu la mieux partagée...
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