Disons-le franchement : même si cette campagne n'est pas aussi nulle que l'affirment certains, on ne s'y amuse pas vraiment ! Au début, nous eûmes les réjouissantes gaffes à répétition de Dame Ségolène, dite "Couscous Royal" (elle fait des boulettes, pédale dans la semoule et a un pois chiche dans le cerveau)... Mais la candidate socialiste a trouvé la parade : elle annule meetings et rendez-vous, et se fait représenter par ses porte-parole pour les interviews. Du coup, elle baisse dans les sondages, mais ne fait plus rire ! Puis est venu l'impayable Schivardi, avec ses borborygmes incompréhensibles, déjà immortalisés par l'excellent Canteloup. Mais il nous manquait LE gag, celui qui vous anime une campagne et fait causer dans les bistrots, que l'on cite à la fin des repas de famille afin de réconcilier ceux qui votent pour des candidats opposés, qui transforme la prise de bec en hilarité générale.
Heureusement, la Ligue est là. La Ligue ? Mais celle des Droits de l'Homme, voyons ! Figurez-vous que cette institution, dont le nom vénérable dissimule un sectarisme véritable, a entrepris de classer les candidats à l'élection présidentielle en fonction de leur attachement aux droits de l'Homme, attachement mesuré par leurs réponses à "55 questions sur les droits de l'Homme, la démocratie et la citoyenneté". Et il faut bien reconnaître que tant la méthodologie employée que le classement obtenu sont absolument décapants !
Tout d'abord, la Ligue des Droits de l'Homme nous informe sur son site Internet qu'elle n'a interrogé que huit des douze candidats "après avoir exclu les candidats d'extrême-droite de Villiers (sic) et Le Pen ainsi que les candidats des lobbies Nihous et Schivardi". Fabuleux, non ? La LDH s'arroge ainsi le droit de décider que tel ou tel candidat est digne ou pas de répondre à ses questions : encore heureux que ce ne soit pas elle qui décide des temps d'antenne pendant la campagne officielle... En outre, on aimerait bien savoir quel "lobby" représente le malheureux Schivardi : l'ont-ils mis dans le même sac que Nihous parce que son accent campagnard leur déplairait ? Une seule solution pour l'ex-"candidat des maires" : saisir la Halde contre cette scandaleuse discrimination ! Halte au racisme anti-rural !
Mais le plus beau est à venir, avec le hit-parade des droits-de-l'hommistes. Bien entendu, ni les questions, ni les réponses, ni les coefficients de pondération affectés à chacune d'entre elles ne nous sont communiqués. Nous avons juste droit au classement à partir de la note globale attribuée sur 70. En tête, avec 67 points, Dominique Voynet. Admettons. Mais immédiatement derrière elle, la talonnant d'un demi-point avec 66,5, debout sur son vélo de postier, le camarade Olivier Besancenot ! Les trotskistes de la LCR vice-champions "des droits de l'Homme, de la démocratie et de la citoyenneté" : avouez qu'il y a quand même des coups de pic à glace qui se perdent (non, je ne fais pas allusion à Basic Instinct, mais à Ramon Mercader) ! Et le podium ne serait pas complet si, avec 66 points, ne montait pas sur la dernière marche... Marie-Georges Buffet ! Il parait que les tombes de Lénine et Staline, voisines sur la Place Rouge, sont depuis quelques heures secouées par un inextinguible fou-rire...
Quant à Nicolas Sarkozy, n'ayant pas répondu, il se voit gratifié d'une note de 2/70... sur la base de ses déclarations publiques. Si ce n'est pas de l'honnêteté intellectuelle, ça !
Malheureusement, à la fin de son communiqué, le LDH jette le masque en réclamant, entre autres, "l'abrogation des lois sécuritaires et xénophobes votées depuis 2002" et "la régularisation des sans-papiers parents d'enfants scolarisés". Là, tout-à-coup, elle fait beaucoup moins rire...
Commentaires