Nous l'avons souligné à plusieurs reprises sur ce blog, et c'est avec joie que nous en lisons la confirmation, dans le dernier numéro de Valeurs actuelles, sous la plume éclairée de la philosophe Chantal Delsol : "Pour la première fois depuis des lustres, écrit-elle, un candidat majeur (capable de gagner) propose un discours franchement de droite. Jusqu'à présent, nous avons bien eu des candidats et dirigeants de droite, mais tordus, complexés, honteux de leur propre existence, de droite sans le dire. Jacques Chirac, tout au long de son règne immense et vide, n'a exprimé qu'une seule conviction forte : la détestation de la peine de mort... C'est d'ailleurs ainsi que Jean-Marie Le Pen prospérait : sur le dégoût des électeurs de droite qu'on forçait à s'avancer masqués."
Force est de constater - pour s'en réjouir - que le discours prononcé par Nicolas Sarkozy ce dimanche à Bercy (que l'on peut facilement voir et écouter en entier sur Internet) justifie et renforce encore cette analyse. Car le candidat de l'UMP, non content de dénoncer les erreurs et les mensonges de son adversaire socialiste, s'en est pris résolument à l'un des piliers de la pensée de gauche et d'extrême-gauche : l'héritage de Mai 68. "Mai 68 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral, a-t-il rappelé devant un POPB plein à craquer. Les héritiers de Mai 68 avaient imposé que tout se valait, qu'il n'y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l'élève valait le maître, qu'il ne fallait plus mettre de note ni de classement qui traumatisaient les enfants. Que la victime comptait moins que le délinquant. Il n'y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie : ils avaient réussi. (...) L'héritage de Mai 68 a liquidé une école qui transmettait une culture commune et une morale partagée. Je veux tourner la page de Mai 68 une bonne foi pour toutes. (...) L'idéologie de Mai 68 sera morte le jour où, dans la société, on osera rappeler chacun à ses devoirs. Ce jour-là sera enfin accomplie la grande réforme intellectuelle et morale dont la France a une nouvelle fois besoin. (...) Il nous faut renouer avec la morale, l'autorité, le respect, le travail, l'autorité, la nation."
Comme le dit Chantal Delsol, c'est la première fois depuis près de quarante ans qu'un candidat ayant des chances de l'emporter tient un tel langage de vérité et de fermeté tout au long de sa campagne, et trouve un écho considérable dans le peuple français : il suffit d'écouter depuis hier les glapissements indignés des Cohn-Bendit, Krivine, Bové, Hollande et Royal, sans oublier les syndicalistes enseignants de SUD et du SNES, pour savoir que Sarkozy a visé juste et tapé fort.
Bien sûr, certains diront, à droite, qu'il ne s'agit que de mots, de "promesses verbales" destinées à séduire les électeurs, en particulier ceux qui se sont prononcés le 22 avril pour Jean-Marie Le Pen ou Philippe de Villiers. Oui, ne soyons pas naïfs, ce risque existe, et nous n'avons pas toujours été d'accord, dans le passé, avec certaines paroles ou certains actes de Nicolas Sarkozy. Ce dernier est d'ailleurs conscient que le doute persiste, puisqu'il a déclaré dans le même discours : "Je porte sur mes épaules la plus lourde des responsabiltés : ne pas trahir ceux qui ont été tant de fois trompés, tant de fois trahis, tant de fois déçus". Sera-t-il, lui, un homme de parole ? Le courage intellectuel dont il a fait preuve depuis son investiture est certes de bon augure, mais n'est pas une garantie absolue. De toutes façons, comme l'écrit avec une logique implacable François d'Orcival à la fin de son éditorial dans Valeurs actuelles, "pour lui demander de tenir ses engagements, encore faut-il qu'il soit élu".
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